Le secteur photovoltaïque français traverse une période de transition majeure avec la révision des tarifs d’achat pour les installations de 0 à 500 kWc, initiée par le ministère de l’Industrie et de l’Énergie. Cette réforme photovoltaïque 2025 vise à adapter les mécanismes de soutien en réponse à la croissance rapide du marché et aux contraintes budgétaires, tout en encourageant l’autoconsommation. Cependant, ces modifications inquiètent les acteurs de la filière qui craignent une baisse de rentabilité des projets et une instabilité économique.

 

Contexte et objectifs de la réforme du soutien au photovoltaïque

Depuis l’arrêté S21 du 6 octobre 2021, les installations photovoltaïques sur bâtiments, hangars et ombrières bénéficiaient de tarifs d’achat garantis, favorisant le développement du solaire en France avec 5 GW de nouvelles installations raccordées en 2024. Cependant, face à cet essor et aux coûts budgétaires associés, le gouvernement souhaite réévaluer les modalités de soutien pour garantir une croissance durable du secteur.

Le projet d’arrêté, en consultation depuis février 2025, propose une réduction des tarifs d’achat et des primes à l’investissement, avec un ciblage spécifique par tranche de puissance. L’objectif est de recentrer le soutien public sur les segments nécessitant un accompagnement particulier tout en limitant les dépenses publiques.

 

Détails des modifications proposées

Segment 0-9 kWc

Pour les petites installations résidentielles en autoconsommation :

  • Réduction du tarif d’achat du surplus de 12,7 c€/kWh à 4 c€/kWh.
  • Diminution de moitié de la prime à l’investissement, déjà réduite de 40 % l’année précédente.

Segment 9-100 kWc

Pour les installations intermédiaires, souvent portées par des entreprises ou collectivités :

  • Maintien du tarif actuel, mais avec une dégressivité accrue basée sur un volume cible de 92 MW par trimestre.

Le mécanisme vise à ajuster les tarifs en fonction du volume de projets, garantissant ainsi une rentabilité suffisante tout en maîtrisant le développement du secteur.

Segment 100-500 kWc

Pour les grandes installations, notamment agricoles et industrielles :

  • Baisse du tarif d’achat à 95 €/MWh pour les demandes de raccordement effectuées entre le 1er février et le 30 avril 2025.
  • Dégressivité renforcée de 6 % à chaque dépassement du volume prévu de 359 MW par trimestre.
  • Modification du guichet ouvert pour les installations de 200 à 500 kWc à partir du 1er juillet 2025 :
    • Fin de l’obligation d’achat (tarif garanti) au profit d’un complément de rémunération, où l’électricité est vendue sur le marché avec une prime ajustée selon l’écart avec un prix de référence.
    • Transition vers un nouvel appel d’offres simplifié prévu pour le 1er janvier 2026, augmentant la concurrence entre producteurs pour obtenir des tarifs de soutien.

Réactions de la filière photovoltaïque

Les professionnels du secteur expriment leurs inquiétudes face à cette réforme :

  • Risque de baisse drastique de rentabilité des projets, notamment pour les installations agricoles et industrielles.
  • Les syndicats, tels que le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et Enerplan, soulignent le risque de ralentissement du déploiement du solaire malgré son importance pour la transition énergétique et l’indépendance énergétique de la France.
  • 80 % des installations de 100 à 500 kWc concernent des projets agricoles, apportant environ 400 millions d’euros de revenus au secteur agricole.

 

Conséquences de la réforme au soutien photovoltaïque pour le secteur

  • Moins de prévisibilité sur la rentabilité des projets, notamment pour les installations agricoles et industrielles, en raison de l’exposition aux fluctuations du marché.
  • Accès au financement plus complexe pour les projets sans revenus garantis.
  • Nécessité d’anticiper les échéances réglementaires pour ajuster les stratégies d’investissement.

 

Ce qu’il faut retenir de la réforme au soutien photovoltaïque

La révision des mécanismes de soutien au photovoltaïque en France marque une évolution majeure dans la politique énergétique du pays. Si l’objectif est de cibler plus efficacement le soutien public, les modifications proposées pourraient ralentir le déploiement du solaire et impacter économiquement le secteur agricole.
Il convient aussi d’être prudent sur les projets en cours de réflexion pour bien intégrer ses évolutions tarifaires et règlementaires avant de contractualiser avec un installateur.

Rédigé par notre Expert Cerfrance ✏️